La journée de sa visite surprise, ça picote sur le bord de ta bouche et ça t’agace un peu. Tu n’y penses pas trop au début, tu te dis que tu dois avoir les lèvres sèches. Deux-trois coups de baume à lèvres vont sans doute régler le problème. Mais non, ça gratte, ça pique quand même. Tu vas te voir dans le miroir en espérant qu’il n’y ait rien. Pas de chance, c’est un peu rouge. Quelques heures après, il est là, bien installé et prêt à t’empoisonner l’existence pour les jours à venir : le feu sauvage, le bobo sauvage, le bobo sur le bord de la bouche, le feu de camp, celui dont on ne doit pas prononcer le nom, bref, appelle-le comme tu veux, il est bien là, cet adversaire en feu bien plus fort que toi, toujours là à l’improviste tel un balrog sur le pont de Kazad-Dûm.
Tu as autant envie de le voir qu’une énième suite des films Rapide et Dangereux. Pourtant tu le sais que tu es abonnée aux feux sauvages depuis que tu es jeune, mais tu ne veux pas admettre qu’il te “datera” encore et encore pour le reste de ta vie. Car oui, les feux sauvages sont fidèles.
Colère, pleurs, désespoir… Tu fais quoi après avoir passé par toute la gamme des émotions? Tu le sais que la quête sera ardue. Premièrement tu te demandes pourquoi tu as ça. Toutes les raisons sont bonnes : fatigue, soleil, stress, baisse du système immunitaire, trop de Netflix… Ensuite vient le moment de passer à l’attaque. Tu sors la petite crème miracle, qui fait tout sauf des miracles. Tu te tartines le bobo douze fois par jour en pensant que ça va faire disparaître le démon plus vite. La seule chose que ça fait disparaître c’est ton argent, car ça coûte un bras cette petite crème-là.
Le lendemain, il est encore plus gros, plus laid et il te donne mal à la moitié du visage. En plus, tu dois aller au travail, tu vas voir du monde… Juste d’y penser c’est l’angoisse. Tu le sais que tout ce qu’on voit dans ta face c’est ton bobo. Et si quelqu’un te demande ce que tu as sur le bord de la bouche? La honte avec un gros H et l’envie irrésistible d’aller rejoindre Tom Hanks et Wilson sur leur île perdue quelque part dans l’océan Pacifique. Tu sais que tu ne pourras pas toujours parler avec une main devant la bouche ou encore essayer de te positionner sur le bon profil histoire de cacher le bobo. Tu le sais que tu as encore une semaine à vivre en symbiose avec lui, à attendre qu’il reparte dans l’ombre. Car avec lui, il n’y a pas de solution miracle sauf le temps et la résilience.
Ça a l’air de rien, sauf que…
Avoir des feux sauvages peut être très douloureux tant au niveau physique que psychologique. En plus d’être gênants, ils sont handicapants au quotidien. De plus, ils en profitent également pour écorcher au passage l’estime de soi. Malheureusement, plusieurs personnes annulent des rendez-vous importants ou s’isolent le temps que ça passe. Ce bobo disgracieux apporte son lot de stress et de honte au quotidien. Ils sont loin d’être inoffensifs!
J’ai écrit ce texte lors d’une période intense de bobos sauvages (deux en deux semaines). Je voulais en rire un peu, histoire d’alléger ma situation et prendre ma petite revanche sur eux. Je veux aussi vous dire que vous n’êtes pas seuls. Mis à part prendre son mal en patience, je n’ai pas trouvé d’option efficace pour faire disparaître plus vite le fameux bobo. Je sais qu’il n’y a pas de solution miraculeuse, mais vous, en avez-vous? On va juste se garder une petite gêne pour les bons vieux trucs de grand-mère. Le beurre (oui on me l’a déjà suggéré!) c’est pour les tranches de pain, pas pour les bobos sauvages.
L’humour est l’alternative échappatoire de l’impasse et l’expression de la résilience face à la panique.
Dotou Raphaël Ago
2 Commentaires
Miss Renarde
24 septembre 2022 à 12 h 53 minMerci beaucoup!
Martine Pelletier
24 septembre 2022 à 9 h 36 minSuperbe texte teinté de vérité et combien comique en même temps! La photo est bien choisie! Mille bravos Isabelle!